grassmatinee a écrit : Pendant que j'y suis, j'aimerais connaître/comprendre l'harmonisation (c'est comme ça qu'on dit?) de "Moonlight Waltz" dans l'album "Back To Back" (Burns/Moore/Grisman)...
L'Intro.
J'entends: | Dm8 | Dm7 | Dm6 | Dm#5 - Am7 |.
Soyons bien clairs, Dm8, ça n'existe pas, mais j'utilise souvent ce moyen mnémotechnique pour me faire voir tout de suite que l'on va avoir une descente chromatique ou diatonique à partir de la fondamentale de l'accord
Donc la descente se fait:
7355 (Dm8)
5355 (Dm7)
4355 (Dm6)
3355 (Dm#5) ce doigté est exactement le même que A#7M. Pour les puristes, cet accord se chiffre, en réalité, "Dm(b6)" parce qu'il a bel et bien une quinte (sur la 1ere corde). Mais sur une grille d'accord, on a toutes les chances de trouver A#7M...
Cette descente est un procédé classique d'harmonisation dynamique (embellissement) dont le seul objectif est de rendre moins monotone un accord de Dm qui tiendrait 4 mesures sans bouger. Cette harmonisation ne change rien à la qualité de l'accord
L'intro se termine par Dm#5 - Am7. Aïe ! Que vient faire cet Am7 alors qu'on attendrait plutôt un A7, accord V7 qui relancerait la tonalité de Ré mineur ?
Et bien, parce que nous ne sommes pas en tonalité de Ré mineur, mais en tonalité de Fa majeur !!! Ce qui est bien confirmé par le dernier accord de la première partie: F (précédé de son V: C).
Le Am7 est donc le IIIm7, un renversement du F7M9... le I de la tonalité.
Dès lors, le Dm est le VIm, relative mineure de Fa et tout le morceau va se jouer sur une ambigüité, ou plutôt un aller-retour continuel de Ré mineur à Fa majeur.
Le thème démarre:
| Dm | % | F | Dm |
L'ambigüité s'établit en énonçant de VIm et le I; la mélodie est construite sur le mode aeolien de Fa (donc, gamme mineure naturelle de ré) qui contient toutes les notes da la gamme de fa majeur.
| Dm | % | G7 | A7 |
La , clairement, on va sur A7 (V7 de ré mineur) qui affirme cette tonalité de ré mineur.
Ouais, mais il y a un G7 qui introduit le A7 alors qu'on attend un Gm qui serait le IV de la tonalité.
En fait, on ne passe pas au IV, mais on reste sur le I: Dm6 qui n'est autre qu'un renversement du G9, lui même un G7 auquel on a rajouté une neuvième
On reprend
| Dm | % | F | Dm |
Puis on arrive sur le
| C | % | F | % |
C'est une simple cadence V- I en tonalité de Fa majeur
Partie B:
| Bb | % | F | % | G7 | C7 | C7b9 |
Clairement, on a IV - I en Fa majeur qui va aller au V7 (C7) introduit par le V7 de C7, cad G7 (petit cycle de quinte) puis le C7b9 permet de passer de C7 à Dm qui suit en montée chromatique (do, do#, ré).
On revient à la suite qui a servi d'intro:
| Dm8 | Dm7 | Dm6 | Dm#5 - Am7 | Gm | C7 | Bb7 | F |
Après le Dm#5 - Am7 , on a Gm (le IV de ré mineur), mais aussi le II de Fa majeur qui va introduire son V7 (C7) dans un très beau II - V - I dans lequel Bb7 vient jouer les trouble-fêtes... en introduisant le IV7. C'est aussi une "cadence" classique qui ajoute une couleur supplémentaire, mais bien dans la tonalité.
Finalement, rien de bien "osé", simplement ce qu'il faut en retenir, c'est le passage continuel du mode de la tonalité de Fa majeur à la tonalité de sa relative mineure, ré mineur.