Absolument ! C'était aussi, et surtout, "LE" moyen par excellence d'apprendre à écouter: qui fait quoi ? Quand ? Comment interagissent-ils ?Annieviolette a écrit :Donc pour toi, retranscrire en tablature, c'était un moyen de prendre des notes afin de mémoriser et finalement de jouer ?
De comprendre ce qui se passait dans le morceau ?
La chose la plus difficile à trouver, c'est sur quelle corde jouent-ils telle note: ce si bémol, c'est deuxième corde première case ou bien troisième corde huitième case ? (à la mando). Mais on y arrive et, à postériori, on peut voir que la plupart des tablatures actuellement distribuées sur internet ne tiennent pas compte du doigté réel, or il est parfois essentiel. Essayez donc de jouer du Sam Bush sans comprendre comment il change de position...
Pas du tout: j'ai acquis mes connaissances en harmonie près de 25 ans plus tard.Annieviolette a écrit :Dans le dernier cas, des notions d'harmonie sont nécessaires non ?
Oui, et pour la presque totalité des musiciens "folk" vivant en dehors des USA, donc coupés des musiciens "natifs", ce fut la même chose. C'était le seul moyen... et on avait le temps pour le faire. Il faut te rendre compte que, pour moi, en Belgique, et voyageant vraiment très peu (pas le fric pour le faire), il a fallu plus de 10 ans pour acquérir trois disques. Dans les années 80, il fallait aller à Cologne (à 100 bornes) ou à Paris (350 bornes) pour trouver des disques bluegrass... je pense que les "provinciaux" de France n'étaient pas mieux lotis.Annieviolette a écrit :Bon, si j'ai bien compris, tu as amélioré ton jeu en écoutant, en prenant des notes et en allant de subtilités de styles en styles...
En 78, depuis cinq ans, j'étais bassiste dans un groupe d'ados qui jouait du Shadows, du Beatles, du Rollig Stones. Mais les partitions (en solfège) existaient (et je lis le solfège). Mais là aussi, les partitions ne reproduisaient pas l'arrangement du disque... il fallait écouter. Sinon, à cette époque, je "brillais" dans les feux de camps à la guitare en accompagnant Santiano, Stewball. Dans les prisons de Nantes, A la claire fontaine... J'avais appris "Nuage", de Django, sur une partition que je possède toujours... mais quand je la jouais, j'étais le seul à savoir ce que c'était...Annieviolette a écrit :En 78 tu en étais où et la suite ?

Maintenant, à la mando, je puis accompagner, au pied levé, à peu près n'importe quoi en bluegrass ou en folk (y compris des trucs que je n'ai jamais entendu, et ce n'est pas une gloire personnelle, la plupart des zicos qui ont appris de la même manière font pareil), improviser d'une manière qui m'est personnelle (quelque chose entre le Dawg, le Manouche, le western swing, la bossa...) qui fait hurler les puristes à la mort mais ravit, tout même, autant de personnes... Pas oublier que quoi que tu fasses, tu trouveras, au moins, quelques dizaines de personnes qui détesteront ce que tu joues (tiens, parmi elles, à mon égard, il y a ma femme, et nous allons fêter nos 40 ans de mariage dans six semaines...), il y aura quelque dizaines de personnes qui adoreront ce que tu fais, et des millions de gens qui n'en n'ont rien à f... Tu vois où se trouve la majorité... hier j'ai joué dans un petit truc de jazz, il y avait huit entrées payantes... on s'est super bien amusé, le sommet c'était une impro pure sur un rythme funcky et deux accords (ré et sol) avec un batteur, on contrebassiste, un saxo alto et une chanteuse jazz...
Je suis arrivé à un niveau où je puis dire:
Je joue la musique que j'aime bien, avec des gens que j'aime bien et qui me le rendent bien, et il y aussi des gens qui aiment ce qu'on fait
Tout le reste, et bien... euh... complète toi-même... et ne sois pas tendre
